Les élixirs de santé

Les élixirs de santé

Les élixirs de santé

A Paris, la dernière tocade consiste à boire des jus pressés à froid. Une mode qui vient de Brooklyn, la désormais « capitale du cool » à laquelle aimerait bien ressembler la ville qui fait rêver les amoureux du monde entier. L’herbe est toujours plus verte ailleurs.

 

Passés à l’extracteur (comptez un investissement de 300 euros minimum…) qui, à la différence d’une centrifugeuse, ne chauffe pas et préserve ainsi vitamines et nutriments, fruits et légumes réduits en jus s’oxydent moins rapidement et permettent d’atteindre sa ration journalière en quelques gorgées. Sans fibre, sans sucre, eau ou conservateurs ajoutés, ils se consomment sous forme de cures et portent des noms bizarres (Carrot Kick, Beet It, We are Young, We are OK…). Parfois même des numéros ou des codes. La bonne conscience diététique est toujours un peu scientifique…

 

En France, une demi-douzaine de marques se partage désormais le marché de ces « repas liquides de beauté et de santé ». A en croire les gazettes féminines, à qui rien n’échappe, ils seraient même sur le point de détrôner le café latte dans le monde des fashionistas.

Certains ne manqueront pas de souligner la dimension mentale de la chose. Sentir que l’on se fait du bien est sans doute aussi important que le résultat réel. D’autres déploreront cette société où tout se présente, de plus en plus souvent, sous une forme de « prêt à boire », de « prêt à manger », quand ce n’est pas de « prêt à penser »… Le tout sur fond de course épuisante et permanente à la nouveauté aux allures de fuite en avant.

 

Critiquable, certes, cette nouvelle génération de jus nous permet cependant d’entrevoir un des futurs possibles de notre alimentation : la rencontre d’une  technologie (extraction à froid), d’un rite (une consommation sous forme de cure) et d’une promesse de transformation de soi (teint plus clair, ventre plus plat, énergie retrouvée…). Le conte de fée revisité par la technique et la religion.

Patrice Duchemin

Conseiller marketing et stratégie

Und dazu Senf auf Deutsch...

Die Gedanken sind Brei…

… zwischen Berlin und München, so möchte ich antworten – ist doch in Deutschland die „Ernährungsavantgarde“ wie Nina Pauer sie in der ZEIT nennt, eher mit dem Pürieren als mit dem Extrahieren beschäftigt. Gehupft wie gesprungen – beides entspricht dem Trend zur flüssigen Nahrung. Aber Brei ist eben nicht Elixir. Wo sich in Paris Körperkult, Technikbegeisterung und die Leichtigkeit der puren Essenz verbinden mit dem Versprechen der gesunden Selbsttransformation, scheint der Brei, zu dem man nahezu alles verarbeiten kann, eher eine Regression in glücklich-selbstzufrieden-zahnlose Entwicklungsstadien zu bedeuten. Obwohl man zum Pürieren  natürlich ein ähnlich kostspieliges Equipment braucht wie zum Extrahieren. Jenseits dieser feinen Unterschiede stehen vermutlich sowohl ätherisch-flüssig als auch dickflüssig für die Digitalisierung der Nahrungsaufnahme: „Man lädt sich eher auf, als dass man isst, wie ein Smartphone.“

 

Zitate aus Nina Pauer: Die Pürierung der Welt. Smoothies, Porridge: Warum wir nur noch Matsche essen. DIE ZEIT N°19/2016 S. 59.

Christina Schepper-Bonnet

Projektberaterin

No Comments

Post A Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.